Délibération 3-2 du Jeudi 17 décembre 2020

Délibération

VILLE DE ROUEN

CONSEIL MUNICIPAL

SEANCE DU 17 DECEMBRE 2020

DELIBERATION DU CONSEIL MUNICIPAL

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3-2 DEBATS DES MEMOIRES

MESDAMES, MESSIEURS,

Dans un contexte national troublé, où la crise sanitaire, économique et démocratique génère le repli sur soi, lancer des débats publics sur les mémoires rouennaises est porteur de sens pour la communauté de vie que nous formons collectivement sur ce territoire.

En effet, en lançant, le 30 septembre dernier, ses « Débats sur les mémoires » la Ville de Rouen a, d'emblée, mis en avant le caractère participatif, inclusif et innovant de sa démarche. Mis au pluriel, le terme de « Débats » induit ici que le travail souhaité s'envisage dans la pluralité et dans la durée.

Le fait de rendre visible, intelligible, compréhensible, la contribution à l’histoire de toutes les catégories de la population est un outil de renforcement du vivre-ensemble, et d’affirmation de l’égalité.

Mener des débats sur les mémoires de notre histoire commune permet :

- une meilleure appropriation par les habitant.es de leur lieu de vie,

- de lutter contre les discriminations en rendant visibles les « invisibles » d’aujourd’hui sur l’espace public,

- de construire la ville pour toutes et tous en engageant une réflexion et un travail participatif sur l’égalité dans les aménagements urbains et l’espace public,

- d’inventer une nouvelle approche démocratique sur la toponymie,

- de renforcer la candidature de Rouen Capitale européenne de la Culture.

La démarche entend faire travailler ensemble les spécialistes (les historiens, les sociologues, les archivistes etc.) et les Rouennais eux-mêmes, en tant que témoins directs des événements ou dépositaires d'une mémoire, souvent familiale, matière qui ne demande qu'à être exploitée.

L'enjeu de forme mis en avant est la capitalisation de témoignages sous tous leurs aspects. L'état actuel de notre société, les crispations identitaires pour la plupart, que nous connaissons, conduisent à se poser, légitimement, la question de cette conception ouverte et pluraliste de l'histoire, du risque de détournement de la démarche mémorielle dans un but qui n'aurait plus rien de scientifique (au sens d'une contribution à nouvelle lecture de l'histoire de notre territoire commun). A contrario, il ne faudrait pas niveler le récit collectif en faisant fi de la question des origines, des parcours et des identités.

Aussi, il convient d'être attentif à ce que ce travail, en libérant une parole, ne se contente pas d'être un simple retour sur le passé qui se voudrait revendicateur d'une reconnaissance officielle de la part de communautés – sociales, culturelles, ethniques etc. – parties à la recherche de leur propre mémoire, de leur propre histoire, mais qu'il soit l'occasion de se retrouver, de se situer dans la société actuelle sans être plus déterminé qu'il ne faut par les temps présents.

Autour de la mise en place d’un comité de pilotage, d’un comité technique et d’un conseil d’historiens, les citoyens sont au centre de cette démarche territorialisée. La connaissance et le partage de l’histoire des quartiers par celles et ceux qui y vivent, est le cœur de ces débats.

Le succès de cette démarche innovante repose sur :

- la réalisation d’un état des lieux précis des mémoires oubliées et absentes,

- l'élaboration d'un cahier des charges précis sur les attendus politiques et scientifiques de la démarche, fixant aussi ses limites et l'objectif final,

- la réalisation de fiches par sujet/événement/fait à traiter faisant état de la connaissance actuelle et des points que l'on souhaite éclairer,

- l'association des scientifiques (historiens, sociologues etc.) à la préparation d'un programme général et d'un échéancier, pour en caractériser le postulat et les problématiques et y intéresser des chercheurs,

- une véritable sensibilisation et mobilisation de la population pour la rendre actrice de la démarche voire la laisser en investir des pans entiers,

- des actions visibles chaque année, comme des jalons, alternant le mémoriel, le scientifique, l'artistique et qui touchent différents publics,

- un long et riche travail d'analyse des sources populaires,

- une restitution finale concrète sous une forme qui sera à déterminer.

2021 sera marquée par les 20 ans de la Loi Taubira sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité (10 mai 2001). Cet événement sera au cœur des débats des mémoires dans le cadre du mois de l’abolition de l’esclavage porté par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage du 27 avril au 10 juin. De même la cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative sur le massacre de combattants et civils africains et antillais, prévue en septembre dernier, viendrait alimenter ce mois des mémoires. Un temps de commémoration que l’on souhaite pédagogique, éducatif. Nous travaillerons avec les écoles, collèges et lycées qui le souhaitent afin de construire un parcours mémoriel à cette occasion.

Les dynamiques de projet autour de la mémoire populaire sont propres à chaque territoire, à ce qu'il porte d'héritage du passé, un héritage où se confrontent des mémoires individuelles et des mémoires collectives.

Prendre en compte toutes ces dimensions nécessite d'agir avec méthode en hiérarchisant et en priorisant les objectifs. Si l'on souhaite impliquer le plus possible les habitants, le temps du projet doit se conformer au temps des habitants, par souci du respect des histoires individuelles et ce qu’elles impliquent psychologiquement.

J’ai donc l’honneur, Mesdames, Messieurs, de vous demander de bien vouloir approuver les axes, la méthodologie ainsi que le caractère participatif, inclusif et innovant de la démarche des Débats des mémoires et autoriser M. le Maire ou l’élu.e délégué.e à désigner les élues associées à ces Débats des mémoires.

LE CONSEIL MUNICIPAL,

- Sur le rapport de Mme Laura SLIMANI, Adjointe,

VU :

- Le Code Général des Collectivités Territoriales, et notamment ses articles L.2121-29 et L2143-1,

- La loi n° 2014-173 du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, Art. 9.

CONSIDERANT :

- Que l’équipe municipale a pris comme engagement de donner à chacune et chacun sa place dans l’espace public, en renforçant notamment la place des femmes dans la toponymie,

- Que la volonté est de lancer une initiative innovante sur les mémoires de Rouen,

- Que la réunion de lancement des Débats des mémoires s’est tenue le 30 septembre 2020.

APRES EN AVOIR DELIBERE :

1.- approuve les axes, la méthodologie ainsi que le caractère participatif, inclusif et innovant de la démarche des Débats des mémoires,

2.- autorise M. le Maire ou l’élu.e délégué.e à désigner les élues associées à ces Débats des mémoires.

Fait à Rouen, en l’Hôtel de Ville, les jour, mois et an susdits.

p. extrait conforme,

Le Maire de Rouen,suivent les signatures,

M. le Maire certifie, sous sa responsabilité, le caractère exécutoire de cet acte, et informe qu’il peut faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal Administratif de Rouen (53, avenue Gustave Flaubert 76000 Rouen cedex) dans un délai de deux mois à compter de sa publication et sa transmission aux services de l’État.

De même, en cas de recours ne nécessitant pas la présence d’un avocat, vous pourrez saisir le tribunal susmentionné par le site « Télérecours Citoyens » à l’adresse suivante : www.telerecours.fr, et ce en application de l’article R421-1 du Code de justice administrative.

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