Rouen au Moyen-Âge

En 841, les Vikings remontent la Seine et attaquent Rouen. Ce n'est qu'avec le traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui cède la Normandie aux Vikings, que la ville peut de nouveau se développer. Le chef Viking Rollon devient le premier duc de Normandie et fait de Rouen sa capitale.

La ville s'intègre ainsi à l'espace commercial du monde viking, qui comprend toute l'Europe du Nord et les îles britanniques. En outre, les Vikings remontent les fleuves russes jusqu'à Constantinople et abordent au Groënland et au Vinland, localisé à Terre Neuve. Rouen devient un entrepôt pour les butins des Vikings, un port de commerce avec le bassin parisien, un marché d'esclaves. On y atteste la présence de visiteurs venus de loin : des Grecs, des Scandinaves, des Irlandais, des Italiens. Une importante communauté juive vit autour du palais de Justice, sous lequel se trouvent les vestiges d'un monument juif unique en Europe du Nord.

La conquête de l'Angleterre par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant en 1066 lie Rouen à l'expansion normande vers ce pays, puis vers l'ouest de la France, à l'époque où Henri II Plantagenêt règne sur des territoires s'étendant de l'Aquitaine aux confins de l'Écosse. Le rayonnement de Rouen se mesure à la présence d'un atelier monétaire dont les monnaies se retrouvent jusqu'en Russie ou dans les États Latins d'Orient, les Normands du XIe siècle ayant conquis la Sicile puis participé aux Croisades. Il reste une trace de ces voyages sur le portail Saint-Jean de la cathédrale de Rouen : les motifs décoratifs sont inspirés de l'art islamique et sont arrivés à Rouen par l'intermédiaire des Normands de Sicile.

Très tôt par rapport aux villes françaises, Rouen obtient une Charte communale, que lui accorde le Duc de Normandie vers 1150. Il s'agit des Établissements de Rouen. Tout homme libre ayant un an de résidence relève alors de la juridiction communale. Seules quelques familles participent au gouvernement de la ville, les Cent Pairs, qui sont cooptés. Les habitants sont groupés dans des corps de métiers et appartiennent à des confréries, groupes solidaires basés sur le culte d'un saint, ce qui correspond souvent à une solidarité de quartier ou de profession.

Le commerce est très actif, grâce aux relations avec la région parisienne et l'Angleterre : les Rouennais vendent du sel et du poisson aux Parisiens et commercialisent le vin de Normandie en Angleterre. Ils ont aussi des liens commerciaux avec l'Irlande. La ville est en outre un centre intellectuel et artistique, stimulé par la construction de la cathédrale.

La conquête de la ville par Philippe Auguste et le rattachement de la Normandie à la France ne freinent pas la prospérité rouennaise. Philippe Auguste maintient les privilèges communaux et laisse aux Rouennais le monopole du commerce sur la Basse Seine. La ville s'accroît et devient la seconde ville du Royaume, une place qu'elle conservera longtemps. Des paroisses apparaissent hors les murs : Saint-André au Nord, Saint-Hilaire et Saint-Paul à l'Est, Saint-Sever au Sud. Cependant, la ville intra-muros n'est pas très dense et il y demeure de nombreux jardins, ainsi que des couvents. Au Nord de la ville, Philippe Auguste a fait bâtir un château, dont il reste aujourd'hui le Donjon. De là descend une rivière, la Renelle, à l'emplacement de la rue Jeanne d'Arc actuelle. C'est le domaine des tanneurs. Les teinturiers et les drapiers sont installés sur le Robec, à l'Est de Rouen, dans un quartier qui sera inclus dans la muraille de la ville au 14e siècle. Les Rouennais vont chercher la laine en Angleterre et vendent leurs draps aux foires de Champagne, d'où ils sont acheminés vers l'Espagne ou l'Italie. Le commerce du vin reste encore important au 13ème siècle, mais les vins normands sont de plus en plus concurrencés en Angleterre par les vins de Bordeaux…

La cathédrale est construite tout au long du 13e siècle, après l'incendie de 1200. La nef est rapidement achevée, puis chaque métier cherche à avoir sa chapelle. Les portails des Libraires (au nord) et de la Calende (au sud) sont mis en chantier en 1280.

Comme ailleurs en France, l'essor des 11e, 12e et 13e siècles se trouve brisé au début du 14e siècle par le retour des famines et des épidémies et par les conséquences de la guerre de Cent Ans, qui commence en 1337. La guerre désorganise le commerce, mais c'est surtout la Peste Noire, qui touche Rouen en 1349, qui constitue la plus grande catastrophe, d'autant plus que d'autres pestes vont suivre, ainsi que des famines. Si la guerre ne touche pas directement la ville, elle nécessite la construction d'une nouvelle muraille, qui va absorber un budget très important, au moment où les bourgeois sont appauvris et où de nombreux pauvres fuyant les campagnes viennent se réfugier en ville.

Cependant, l'activité économique se maintient. Le conflit oblige les Rouennais à chercher de nouvelles sources d'approvisionnement : ils vont chercher la laine en Ecosse et achètent à Harfleur la laine castillane. La guerre a pour conséquence la création de chantiers navals sur la rive gauche, le Clos des Galées, qui devient le principal arsenal français.

Les difficultés de l'époque amènent en 1382 une grave révolte urbaine connue sous le nom de Harelle. La répression royale sera très dure : les cloches du beffroi (situé au dessus du Gros Horloge) sont descendues, les impôts augmentés et la ville doit payer une lourde amende, provoquant la fuite de nombreux habitants, qui ne peuvent plus payer, ce qui alourdit d'autant le poids de la fiscalité pour les autres. Enfin, les privilèges des Rouennais sur la Basse Seine sont supprimés, laissant le champ libre aux Parisiens.

À la suite de la défaite d'Azincourt en 1415, les Anglais mettent le siège devant Rouen, qui doit capituler au bout de 6 mois en 1419. C'est dans une ville tenue par les Anglais que Jeanne d'Arc est jugée et condamnée à être brûlée vive sur la place du Vieux-Marché le 30 mai 1431.

Les Français reprennent la ville en 1449 et Charles VII fait réhabiliter Jeanne d'Arc en 1456. Le retour à la paix provoque une phase d'expansion de la ville, où arrive au début du 16ème siècle la Renaissance.

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