Portrait du magazine : Sophie Toupin, "Valeurs ajoutées"

Un livre retraçant les 20 ans de l’antenne rouennaise de France Terre d’Asile vient de sortir. L’occasion de rencontrer Sophie Toupin, directrice engagée de la structure depuis le début de l’histoire ou presque, en 2002.

Les premières actions en faveur des migrants, les premiers contacts avec France Terre d’Asile (FTDA), remontent au tout début des années 2000. Sophie Toupin est alors responsable d’un village-vacances situé dans la petite commune de Saint-Jeoire, en Haute-Savoie. "C’est là que je signe mes premières conventions. Le complexe comptait alors des vacanciers, et une autre partie dédiée aux migrants, ce n’était pas banal", se souvient-elle.

Celle qui a grandi à Pavilly revient dans sa région natale en 2002, pour des raisons familiales. Sophie Toupin n’a alors pas vraiment de projet professionnel. Mais c’est sans compter sur le destin… "En me baladant rue de Fontenelle, je remarque le logo de France Terre d’Asile. L’association venait de s’y installer. Je me propose aussitôt pour faire du bénévolat, mais avec mon expérience, le directeur général Pierre Henry me propose le poste de directrice", se remémore-t-elle.

Des poupées du Mali ou du Sénégal

Difficile alors de dissocier le parcours de la directrice et le développement de la structure. Les deux évolueront en même temps. En 2002, France Terre d’Asile ouvre un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) à Rouen, d’une capacité de 45 places. L’équipe est alors composée d’une directrice donc, de deux travailleurs sociaux et d’une secrétaire. Vingt ans plus tard, l’antenne départementale compte 43 salariés et suit près de 350 demandeurs d’asile. Pour Sophie Toupin, il a toujours fallu aller présenter les actions de FTDA aux acteurs du territoire : "J’ai pris mon bâton de pèlerin pour aller à la rencontre de chaque maire, faire des présentations dans chaque conseil municipal, trouver des partenaires, des mécènes…" S’adapter aux nouvelles lois et différentes réformes aussi. Ce travail porte ses fruits aujourd’hui puisque les personnes accompagnées sont hébergées dans des logements loués auprès de bailleurs sociaux ou privés implantés à Rouen et dans 15 communes limitrophes.

En 2022, pour marquer le coup, Sophie Toupin lance l’idée d’un livre. "Il y avait tant de choses à raconter, tant de personnes à remercier. C’est aussi une façon d’expliquer clairement nos activités, les différentes structures, aux personnes qui ne nous connaissent pas forcément." Le projet demande un peu plus de travail que prévu. La directrice s’entoure, notamment de Bruno Faust du groupe Axa, qui coordonne le projet dans le cadre d’un mécénat de compétence de l’entreprise. Dans son bureau de la rue Gadeau-de-Kerville, la directrice n’aura de cesse de parler du livre, de ses collaborateurs, des valeurs véhiculées par l’association, préférant éviter les questions personnelles. Elle finira tout de même par livrer une anecdote sur son enfance normande : "Quand j’étais petite, mon père était cadre dans une usine textile. J’ai toujours été curieuse de ces travailleurs africains qui peuplaient les ateliers et qui m’offraient des tonnes de poupées venues du Mali ou du Sénégal. Peut-être que cela a joué sur la suite…" Peut-être oui.

À savoir

Le livre sur les 20 ans de l'antenne rouennaise de France Terre d'Asile est disponible par mail : cadarouen@france-terre-asile.org

À noter également la projection en avant-première du film "Moi Capitaine" au cinéma Pathé Docks 76, le lundi 18 décembre 2023 à 19h30, dans le cadre de la Journée internationale des personnes migrantes.