Pintxos

L’un des premiers occupants du flambant neuf Hangar 105 est un temple latino gastronomique et festif. A travers sa cuisine et son ambiance, Pintxos célèbre une culture, un état d’esprit, un mode de vie. En voyant les choses en grand.

Hello Rouen, proclame le fronton du Hangar 105. A l’arrière, ce serait plutôt hola Rouen, avec l’arrivée du restaurant Pintxos, inauguré le 22 juin, basé sur l’univers latino. Ce géant de 700 m² pour 489 places au total (plus de 200 en terrasse) s’étend grosso modo sur la moitié du rez-de-chaussée du bâtiment.

Pintxos (prononcez Pinchos) porte le nom de mises en bouche typiquement espagnoles, très présentes du côté de Barcelone par exemple. Variante des tapas, les Pintxos sont des portions de pain couvertes de garniture. "Pintxos" vient du verbe "pinchar", qui signifie "piquer". En effet, chaque pintxo est percé avec une brochette en bois.

Ces petites brochettes, à 3,50 € la pièce, sont les stars de la maison, baptisées avec affection. Il y a Ava : baguette aux céréales/scarmorza (fromage du sud de l’Italie à pâte filée)/caviar d’aubergines/sésame blanc et noir/grenade/olive taggiasche. Il y aussi Angelina, où le pain accueille de la moutarde à l’ancienne, de la cecina en chiffonnade (jambon de bœuf séché ibérique) et de la tomme.

Plusieurs recettes de pays latins gravitent autour des pintxos. Le chef Sébastien Bickel, 42 ans, qui à ses débuts fut remarqué comme "jeune talent" par le guide Gault&Millau, s’inspire de ses voyages pour développer une cuisine sans frontières. Sur la carte, planchas, linguine marinara comme à Naples, brochette de poulet mariné à la péruvienne, risotto aux gambas d’Amérique du Sud et chorizo ibérique, etc.

Pour créer un environnement en adéquation avec cette cuisine pleine d’ouverture au monde, les trois responsables ont voulu un cadre qui favorise le sens de la convivialité inscrit dans l’ADN latino. L’espace restaurant s’appelle le salon, les tables basses et hautes du bar d’ambiance incitent à grignoter debout et à multiplier les trajets vers le comptoir

"Davantage qu’un restaurant, nous avons voulu créer un lieu de vie à part entière, un authentique univers latino, explique la co-fondatrice Annabelle Garcia, née à Rouen mais espagnole du côté paternel. Ici le goût du partage s’épanouit, les rencontres personnelles et professionnelles se multiplient. On retrouve l’alchimie de la manière d’être latino." Pintxos l’ibère la parole.

"Nous avons souhaité développer l’axe culturel en mettant en place une programmation évènementielle tous les soirs, pour permettre aux artistes de se produire et aux visiteurs de découvrir de nouveaux talents." Du concert au one-man-show, du cours de cuisine ou de danse au DJ set, en passant par le brunch et la guinguette le dimanche (bientôt proposés), Pintxos sert les animations sur un plateau et affiche un gros appétit de fiesta.

Annabelle Garcia, ex-directrice d’une agence bancaire locale, porte le projet avec deux associés, des amis entrepreneurs rouennais : Clément Coquais et Xavier Dell’Olio, d’origine italienne, déjà connu dans la ville en tant que patron du bar à cocktails Le Côcoon.

En connaisseur, il a confié le poste de barmaid à une experte du genre valeur sûre, Klaudia. Entre autres créations, elle revisite le Basil smash (gin, basilic, citron) en le conjuguant avec une mousse de limoncello. Ça fait plus rital. De même, la sangria façon Pintxos n’est pas rouge mais rose car elle convoque la figue de barbarie. Ça fait plus mexicain.