Délibération 0-6 du Vendredi 26 septembre 2008

VILLE DE ROUEN - CONSEIL MUNICIPAL – SEANCE DU 26 SEPTEMBRE 2008

RAPPORT AU CONSEIL MUNICIPAL

HOMMAGE PUBLIC A AIME CESAIRE

DENOMINATION DE VOIES ET COMMANDE PUBLIQUE D’ART

AUTORISATION

Mme Valérie FOURNEYRON, Maire,

présente le rapport suivant :

MESDAMES,

MESSIEURS,

Le présent rapport a pour objet de vous proposer de dénommer « allées Aimé Césaire » les deux voies de circulation prolongeant l'avenue Pasteur et traversant les jardins Jean de Verrazane (ex‑triangle Pasteur). Ces deux voies sont comprises, à l'Ouest, entre le quai Gaston Boulet (partie Nord) et le quai de Boisguilbert, et, à l'Est, entre la partie Nord et la partie Sud du quai Gaston Boulet.

Une commande publique d'art est par ailleurs prévue afin d'honorer la mémoire d'Aimé CESAIRE.

Né le 26 juin 1913 à BASSE-POINTE, commune du Nord-Est de la Martinique, issu d'une famille de sept enfants, le poète et homme politique français Aimé CESAIRE fut l'un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.

Le père d'Aimé CESAIRE était enseignant et sa mère couturière. Son grand-père fut le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire. C'est cette dernière qui enseigna très tôt à ses enfants et petits-enfants la lecture et l'écriture.

Brillant élève du lycée Schoelcher de FORT‑DE‑FRANCE, Aimé CESAIRE poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français, entre en classe d'hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand à PARIS. Il fait rapidement la connaissance de Léopold Sédar SENGHOR, avec lequel il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier.

C'est au contact des jeunes Africains étudiant à PARIS qu'Aimé CESAIRE découvre une part refoulée de l'identité martiniquaise, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane. Dès septembre 1934, il fonde avec d'autres étudiants antillo-guyanais et africains le journal « L'Etudiant noir ».

C'est dans les pages de cette revue qu'est utilisé pour la première fois le terme de « négritude ». Un nouveau concept est donc né, en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, visant à rejeter le projet français d'assimilation culturelle et la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture. Il relève d'un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Aimé CESAIRE déclara : « Je suis de la race de ceux qu'on opprime. »

Aimé CESAIRE réussit le concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure en 1935. Il commence en 1936 la rédaction de son chef‑d'oeuvre « Le Cahier d'un retour au pays natal ».

Après son mariage, il rentre en Martinique en 1939, afin d'enseigner, tout comme son épouse, au lycée Victor Schoelcher de FORT‑DE‑FRANCE. Il est alors agrégé de lettres.

En 1941, les époux CESAIRE fondent la revue « Tropiques » dont la finalité est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. Lors de la Seconde Guerre mondiale, un blocus coupe les approvisionnements de l'île par la France. A cela s'ajoute l'instauration d'un régime répressif par l'envoyé du gouvernement de VICHY. La censure vise alors directement la revue « Tropiques » qui paraîtra difficilement jusqu'en 1943.

A l'issue de la guerre, Aimé CESAIRE est élu maire de FORT‑DE‑FRANCE, puis député (mandat conservé jusqu'en 1993). La départementalisation de la Martinique est acquise en 1946. Selon lui, cette mesure permet de lutter contre l'emprise Béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme naturel associé.

En 1947, Aimé CESAIRE crée la revue « Présence africaine » et publie en 1948 « L'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache » préfacée par Jean‑Paul SARTRE, consacrant ainsi le mouvement de la négritude.

Dix ans plus tard, il crée le Parti Progressiste Martiniquais, avec pour objectif l'instauration « d'un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action ».

Plus de quatorze oeuvres, recueils de poésies, pièces de théâtre et essais furent publiés. L'oeuvre littéraire d'Aimé CESAIRE, traduite dans de nombreuses langues, est connue à l'échelon international. Le « Discours du colonialisme » figurait en outre au programme du baccalauréat français en 1998.

Bien que retiré de la vie politique, Aimé CESAIRE fut sa vie durant, un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise.

Il s'est éteint à FORT‑DE‑FRANCE, le 17 avril 2008, à l'âge de 94 ans. Des funérailles nationales ont été organisées en Martinique le 20 avril 2008.

J’ai donc l’honneur MESDAMES, MESSIEURS, de vous prier de bien vouloir accepter la dénomination qui vous est proposée.

Si les conclusions de ce rapport recueillent votre accord, je vous propose d’adopter la délibération ci-jointe.

Délibération

VILLE DE ROUEN - CONSEIL MUNICIPAL - SEANCE DU 26 SEPTEMBRE 2008

DELIBERATION DU CONSEIL MUNICIPAL

HOMMAGE PUBLIC A AIME CESAIRE

DENOMINATION DE VOIES ET COMMANDE PUBLIQUE D’ART

AUTORISATION

LE CONSEIL MUNICIPAL,

- Sur le rapport de Mme Valérie FOURNEYRON, Maire,

VU :

- Le Code Général des Collectivités Territoriales,

CONSIDERANT :

- L’intérêt culturel, historique et communal que présentent, d'une part, la dénomination des deux voies de circulation prolongeant l'avenue Pasteur et traversant les jardins Jean de Verrazane du nom de « allées Aimé Césaire » et, d'autre part, la commande publique d'art envisagée pour rendre hommage à ce célèbre poète et homme politique français,

APRES EN AVOIR DELIBERE :

1.- adopte la dénomination « allées Aimé Césaire »,

2.- autorise Mme le Maire à passer une commande publique d'art pour honorer la mémoire d'Aimé CESAIRE.

FAIT A ROUEN, en L'HOTEL DE VILLE, les jour, mois et an susdits.

p. extrait conforme

 LE MAIRE DE ROUEN,suivent les signatures,

Annexes

Fichier attachéTaille
Icône PDF 0-6ann.pdf158.59 Ko
Retourner en haut de page